Medleys d'ouverture

Car la formule de cette année veut que les artistes invités élisent domicile à Corbigny le temps du Festival, et ces deux-là ont choisi la région depuis plus longtemps.

Cette soirée "At the Street Corner", au coin de la rue, placée à la fois sous le signe du classique et celui du jazz instrumental, ouvre sur un très beau Sibélius, dont on se souvient que Nicolas Dautricourt en avait fait un enregistrement somptueux il y a déjà quelques années.

L'école est finie depuis longtemps mais Nicolas et Frédéric semblent s'être retrouvés ce dimanche soir pour leur premier jour de vacances à la campagne, et le concert s'ébroue et se dissipe. Nos deux garnements, espiègles et charmeurs, enchaînent les "medley" sous l'œil attendri de Marie-Christine, qui doit assurer à la fois le tempo de la soirée et la bonne tenue du trio. Car nos deux complices en malice convoquent Astor Piazzola et Django Reinhardt pour un pot-pourri épicé et subtil, où tout est vif et juste et plus rien n'est vraiment sérieux.

Suit un émouvant hommage à Didier Lockwood, venu deux fois à Corbigny pour émerveiller le public du Festival, et qui manque à nos trois artistes comme à nous tous qui les écoutons ce soir.

Et si dehors une pluie fine et fraîche tombe avec la nuit, dans la Salle des Fêtes de l'Abbaye, la température monte encore un peu lorsque nos deux camarades, qui s'entendent à merveille en matière d'improvisation et travaillent en harmonie comme deux compagnons chevronnés, convoquent la bossa nova soyeuse et joyeuse d'Antônio Carlos Jobim, un air des Tropiques dans la nuit nivernaise.