LE FESTIVAL 2023

12 août 2023
19H00
Travail d'orfèvres

Travail d'orfèvres

Deux violons, un alto, formation rare dans la musique de chambre, le Terzetto Op. 74 en ut majeur (1887) de Anton Dvorak est superbement mis en valeur par nos trois orfèvres en résidence : Nicolas Dautricourt et Ryoko Yano (violons), Jesus Reina (alto). Quatre mouvements, un sens inné de la mélodie et trois artisans interprètes au sommet de leur pratique.

Per Nyström (violoncelle), carrure de forgeron, doigts d'orfèvre, ciseleur de notes et de soupirs, rejoint l'atelier et participe à l'élaboration du Premier Quatuor à cordes (1923) de Janacek (surnommé "Sonate à Kreuzer" en hommage à Léon Tolstoï). Toujours quatre mouvements mais maintenant quatre joaillers, dont l'ouvrage collectif confine à l'alchimie, qui transforme le bois, le pernambouc et le crin en vibrations, musique et silences.

"Moldau" date de 1874 et est dédiée par son compositeur, Smetana, à la Bohème et à la rivière qui coule à Prague, cœur jumeau de Vienne, capitales de l'Autriche et de la Hongrie "quand elles étaient réunies" … Elle résonne familièrement à nos oreilles : la composition a largement dépassé les frontières de l'Europe centrale et est devenue un trésor européen. Car nos orfèvres travaillent les alliages précieux faits de traditions régionales, riches d'origines, de nuances et de couleurs musicales, plutôt que le métal pur. Chez eux c'est naturel, car Nicolas, Ryoko, Jesus et Per, comme l'indique leurs prénoms, viennent de tous les horizons.

Marie-Christine Dacqui vient, elle, en voisine et a apporté sa contrebasse. Cela tombe bien et, pour tailler et polir tel un diamant un Quintette pour quatuor à cordes et une contrebasse (A. Dvorak, Op. 77 n° 2), c'est aussi plus sûr.

Quatre mouvements et un rappel plus tard, il faut fermer la cassette mais le trésor s'est répandu dans l'église et alentour. Nous en avons subtilisé quelques joyaux que nous emporterons avec nous.